Dans l’exposition qu’il présente chez Imane Farès, donc, sous le titre de Madad, un mot arabe difficilement traduisible, mais qui est lié au soufisme et désigne une lumière qui s’apparente à la notion d’aura, on trouve de nombreuses maisons. Une, en résine replie de paillettes dorées qui, sous l’effet de la lumière, reproduisent les couleurs du spectre, est associée à une vidéo hypnotique où l’on a le sentiment de s’approcher du soleil (« Nôr-Manzil-Nôr »). Une autre, complètement transparente et construite sur plusieurs niveaux, fascine par sa pureté et sa forme parfaite (« Manzil-Maqâm »). Une autre est accrochée en hauteur et les paillettes qui sont à l’intérieur forment le dessin d’une flamme (« Manzil-Fatîl »). Une autre encore est placée au sommet de sept récipients en cuivre martelé posés les uns sur les autres, tandis que son pendant est au centre des sept mêmes récipients, mais au même niveau, imbriqués les uns dans les autres (« Manzil-Hawd / Manzil-Jabal »). Et d’autres enfin sont dessinées sur des papiers qui reproduisent eux aussi la couleur du spectre et avec un crayon de la même couleur que le papier (« Tayf-Lawn »).
La question du déplacement le hante d’ailleurs depuis 2010. A chacun de ses voyages, il transporte sept petites pierres provenant du Rif, qu’il abandonne à l’étranger. Il prélève alors sept autres cailloux qu’il vient déposer à son retour au Rif. De cette performance pour le moment informelle, il conserve dessins et photos, matrices pour une future œuvre.
Enfant, Younès Rahmoun s’est rêvé grand voyageur, façon Sinbad ou Ibn Battuta. Il n’a pas pour autant la tentation de l’exil. C’est à Tétouan, dans une maison traditionnelle de la médina avec vue sur la caserne militaire, qu’il se ressource toujours. C’est là qu’il a cofondé la résidence d’artistes Trankat en 2013. « Le paradis est à portée de main, dit-il. Chez moi, dans ma ville, dans mon quartier. » La sagesse, comme la valeur, n’attend pas le nombre des années.