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Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Imane Farès, James Webb présente un ensemble d’œuvres issues de longues recherches et impliquant des références à l’histoire des hommes, des religions et des pensées. « Choisir l’univers » (Choose the Universe) est un appel à accueillir l’inconnu, à accepter l’ambiguïté, à considérer l’obstacle autrement que comme une impossibilité et à questionner la notion de mystère. Une quête de l’invisible, au sens large du terme, paraît être au centre de chacune des œuvres ici exposées. L’histoire de la psychanalyse, mais aussi diverses formes de spiritualités (allant du christianisme à l’animisme, en passant par le bouddhisme) sont autant de références que l’artiste emploie pour représenter ce qui échappe à nos yeux et à notre esprit.
Postée face au mur, une Vierge à l’enfant accueille le visiteur. Altérée par le temps, la sculpture, nommée Invisibilia, subit une sorte de retour à la vie grâce à une transfusion sonore. Un enregistrement de pulsations électromagnétiques produites par des aurores boréales est en effet diffusé par un transducteur qui active ainsi la matérialité de la statue de plâtre et la transforme en caisse de résonance. Le retournement de l’objet face au mur relève certes du détournement, rappelant nombre d’œuvres qui ont marqué l’histoire de l’art moderne par leur capacité désacralisante. La portée de ce geste peut toutefois être traduite comme un artifice visant à susciter la curiosité du visiteur. Figure à la fois universelle et intime, cette Madone incarne les relations d’amour et de protection, mais aussi la résilience et l’humilité face au mystère infini.
Plus loin, sous une forme non dénuée d’humour, James Webb use d’un procédé répété dans sa pratique, à savoir la juxtaposition de deux ou plusieurs éléments afin d’activer de nouvelles possibilités. Avec l’installation Friends of friends, il reprend ainsi le principe surréaliste de « la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie »1. Une plante verte en plastique et une sérigraphie de Joan Miró, toutes deux abandonnées par leurs propriétaires respectifs, ont été achetées par l’artiste dans la même boutique de seconde main et sont désormais réunies dans l’espace de la galerie. C’est à la fois le hasard et le destin qui unissent ces deux objets. Leur « rencontre » peut être comparée à un blind date qui se devait d’arriver: ils partagent tous deux la même trajectoire.
En effet, l’œuvre évoque également ce qui obstrue la vue et brouille l’esprit. La sérigraphie de Miró est mystérieusement dissimulée derrière la plante, donnant à l’installation une dimension humoristique. L’origine de cette œuvre est en réalité bien plus dramatique et se trouve dans le récit du naufrage d’un navire du XVIIème siècle. Les rescapés du naufrage (des astronomes jésuites français et des moines bouddhistes du Siam) s’égarèrent en tentant de trouver un chemin à travers la nature environnant Le Cap en Afrique du Sud. Associant paysage naturel et paysage imaginaire, l’artiste suggère que l’issue de cette épreuve aurait pu être plus heureuse si les rescapés avaient fait preuve d’une plus grande ouverture d’esprit. Cette histoire résonne particulièrement bien avec son processus créatif qui consiste à « rester ouvert pour voir et recevoir ce qui se cache derrière les bosquets emmêlés de mon esprit. »
L’invisible et l’ineffable se rejoignent dans la série I do not live in this world alone, but in a thousand worlds : James Webb retranscrit des citations littéraires à l’encre sur du papier soluble, qu’il dissout dans de l’eau et qu’il présente ensuite dans des flacons de verre. Ces petites bouteilles peuvent être renversées, s’évaporer, ou même être bues comme une potion, un poison ou encore un philtre d’amour. Si la poésie occupe une place centrale dans les premières œuvres de cette série commencée en 2016, ce sont les tréfonds de l’inconscient et de l’inconnu qu’explore ici l’artiste. Dans Dreams of Kafka, les textes choisis renvoient aux rêves de Franz Kafka, décrits dans son journal entre 1910 et 1923. Des extraits de textes fondateurs (le Livre tibétain des morts, les haïkus du moine bouddhiste zen Ryokan et Witness de Denise Levertov) constituent A comet is coming.
En parallèle, depuis 2016, l’artiste a choisi de poser des questions à des objets inanimés qu’il sélectionne avec soin et considère comme des « êtres sensibles » capables de répondre. Après avoir interrogé les cloches d’une église médiévale conservées au Musée Historique de Stockholm, un ambrotype du musée de la photographie de Tallin et un masque Chewa du Malawi, il présente ici deux nouvelles œuvres de cette série.
Dans A Series of personal questions addressed to a set of Rorschach Psychodiagnostic plates, une voix pose 65 questions à un ensemble de cartes conçues par Hermann Rorschach en 1921. Les planches servant au test d’évaluation psychologique sont considérées comme susceptibles de produire un récit au-delà de leur vocation première qui est l’interprétation des taches d’encre. Avec l’œuvre réalisée spécifiquement pour son exposition à Paris A Series of personal questions addressed to a Roman Coin, James Webb réinjecte dans le circuit des échanges monétaires une pièce de monnaie émise à l’effigie d’un empereur de l’époque romaine et interroge de la sorte son parcours depuis 1700 ans.
Enfin, la pièce sonore What Fresh Hell is This diffuse dans toute la galerie à des moments inopinés des voix enregistrées (rires, chants et cris), les mots « guilty » (coupable en anglais) et « innocent » et la phrase accusatrice « You are procrastinating » (Vous procrastinez), réminiscence d’un rêve récent de l’artiste. La spatialisation de la voix dans un lieu d’exposition est un motif récurrent dans l’œuvre de James Webb, un des artistes conceptuels les plus éminents du continent africain. Employant fréquemment le son comme moyen d’expression, il affirme que « la voix active l’espace ».
— Odile Burluraux
1. « Les Chants de Maldoror », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, chant VI, 1, p. 256