Le travail d’Ali Cherri explore les déphasages temporels entre des mondes anciens et des sociétés contemporaines dont les logiques tendues entre la constitution d’une origine fondatrice et le mythe d’un progrès illimité. Ses travaux sur les liens entre archéologie, narration historique et patrimoine prennent à partie les procédés d’excavation, de délocalisation et de muséification des restes funéraires qui font violence à des pratiques culturelles intemporelles et au sens même des sites archéologiques.
Son intérêt pour cette « science du commencement » et les pratiques et institutions qui lui sont associées — classifications, récits mythologiques, musée universel, collections de moulages, etc. — l’a amené à réaliser des travaux spéculatifs et poétiques qui, pour reprendre les mots de l’historienne de l’art et commissaire d’exposition Marcella Lista, « assument avant tout une érosion des certitudes et engagent une médiation visuelle en partant de vérités dépareillées ».
Ses différents gestes artistiques, partant du constat que l’histoire archéologique manipule des artefacts de ruine et de survivance, nous invitent à reconsidérer objets et espaces et la manière dont ils médiatisent des histoires de pouvoir, d’identité et d’appartenance.
Ali Cherri (né à Beyrouth) vit et travaille entre Beyrouth et Paris. Il appartient à cette génération d’artistes libanais nés pendant la Guerre Civile et dont la pratique a été fortement marquée par ce contexte d’instabilité.
Parmi ses expositions individuelles récentes, on peut citer Tales from the Riverbed, (Clark House, 2018), From Fragment to Whole (Jönköping County Museum, 2018), Programme Satellite 10: Somniculus (CAPC Centre d’art contemporain de Bordeaux et Jeu de Paume, 2017), A Taxonomy of Fallacies: The Life of Dead Objects (Sursock Museum, 2016). Son travail a été exposé, récemment, à l’Institut Valencià d’Art Modern (Valence), au Jameel Arts Center (Dubaï), à Para Site (Hong Kong), au MAXXI (Rome), au Centre Pompidou (Paris), à Manifesta 13 (Marseille, 2020), à la 5ème Ural Industrial Biennial of Contemporary Art (Ekaterinbourg, 2019), à la 8ème biennale internationale d’art contemporain de Melle (Melle, 2018), ou encore à la 13ème Sharjah Biennial (2017).
Il a reçu la bourse Robert E. Fulton de l’Université de Harvard (2016), le prix de la Fondation Rockefeller (2017), et a été nominé au Abraaj Group Art Prize (2018)
Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections de premier plan : Art Jameel (Dubaï), Musée national d’art moderne/Centre Georges Pompidou (Paris), MACBA (Barcelone), Solomon R. Guggenheim Museum (New York), Sursock Museum (Beyrouth).
Son travail figurait dans la première exposition de la galerie, en 2010.