Christine Rebet, Otolithe, 2021, video still.
Christine Rebet, Otolithe, 2021, video still.
Photo © Tadzio
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[-]Christine Rebet, Otolithe, 2021, video still.
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Songs from the Shore
1er chapitre
Avec des films de : Monira Al Qadiri, Seba Calfuqueo, Manthia Diawara, Christine Rebet, Emilija Škarnulytė, Sriwhana Spong
Carte blanche à Martina Sabbadini
Songs from the Shore (Chansons du rivage) réunit les œuvres d’artistes de différentes origines géographiques qui explorent notre relation à l’eau.
L’immensité de la mer évoquait autrefois un sentiment d’éternité. Nous étions petits et la mer était grande, nos erreurs pouvaient être emportées par ses vagues ou simplement se noyer, dissoutes dans l’immensité des océans. Mais nous sommes devenus grands. Les révolutions industrielles ont libéré des forces qui ont rapidement transformé la relation entre les corps d’eau et les communautés qui les entourent et l’eau devient à la fois de plus en plus rare et tragiquement surabondante dans différentes parties du monde.
À travers une perspective intime, presque spirituelle, les œuvres présentées dans cette édition de La Quinzaine de la vidéo abordent des problèmes politiques liés à l’eau tels que la privatisation des côtes, la transformation des terres et la disparition de certaines activités ou traditions liées à l’eau, nous invitant à repenser notre relation à cet élément.
Dans son film Beach Study (2012), Sriwhana Spong utilise de petites chorégraphies tirées de sa formation classique et de mouvements quotidiens pour exprimer sa résistance à la privatisation d’une plage où elle a passé de nombreux étés dans son enfance. Utilisant un film 16mm et des filtres, l’œuvre nous immerge dans d’intenses flashs de couleurs. Les moments fugaces et les souvenirs corporels représentés dans cette vidéo explorent la relation subtile entre la mémoire et l’expérience.
Dans Tray Tray Ko (2022), Seba Calfuqueo fait glisser un tissu de couleur bleu métallique sur le sol jusqu’à atteindre une cascade (en mapuche trayenko), considérée comme un espace vital et sacré pour de nombreux Mapuches. Les mouvements du tissu reflètent ceux d’une rivière et à la fin de la performance, le corps de l’artiste devient un avec la cascade. Proposant une comparaison visuelle entre l’échelle du corps humain et celle de la nature, cette vidéo aborde simultanément la question de la privatisation de l’eau au Chili et son impact sur les communautés indigènes.
Les bandes sonores des œuvres de Christine Rebet et de Monira Al Qadiri sont rythmées par les chants des plongeurs de perles du golfe Persique, appelés Fijiri. Pendant des siècles, avant que l’extraction de combustibles fossiles ne domine l’économie, les perles étaient l’une des marchandises les plus rentables de la région. Mais la pêche aux perles était une activité dangereuse. Parmi les nombreux risques, les plongeurs pouvaient endommager leur vue et leur ouïe à cause des changements de pression. Les chansons traditionnelles que nous entendons dans ces films étaient chantées sur les bateaux pour donner aux plongeurs le courage d’affronter les profondeurs de la mer.
Le titre de la vidéo de Christine Rebet, Otolithe (2021), fait référence aux petites structures de l’oreille interne qui contribuent à la fois à l’audition et à l’équilibre. L’animation de Rebet mêle histoire et fiction et prend la forme d’un flux d’images en constante métamorphose, retraçant en quatre minutes l’histoire de l’existence de la perle, de sa naissance à sa disparition, tout en créant des associations visuelles avec les voyages des pêcheurs de perles.
Dans Diver (2018) de Monira Al Qadiri, nous suivons un groupe de nageuses synchronisées dont les mouvements semblent répondre à un chant de plongeurs de perles. Le scintillement de leurs combinaisons nous attire, rappelant l’éclat et le lustre des perles, en contraste avec une étendue d’eau sombre et inquiétante. Le sujet est autobiographique, le grand-père d’Al Qadiri ayant travaillé comme chanteur sur un bateau perlier.
Le film de Manthia Diawara s’adresse à nous directement, comme une lettre. Dans ce documentaire, nous suivons les rencontres entre l’artiste et la communauté de Yene, une ville côtière du Sénégal où Diawara vit une partie de l’année. Traditionnellement habitée par des pêcheurs et des agriculteurs, la ville a été radicalement transformée ces dernières années par la pêche intensive, l’urbanisation incontrôlée et la dégradation du littoral. Dans A Letter from Yene (2022), Diawara rassemble une série de portraits entrelacés des habitants de cet environnement en mutation.
Tourné dans une ancienne base sous-marine de la guerre froide à Olavsvern en Norvège, Sirenomelia (2018) dépeint l’une des plus anciennes créatures mythologiques liées à l’eau, la sirène. L’artiste Emilija Škarnulytė, qui interprète la sirène dans le film, nage dans l’installation en ruine de l’OTAN tandis qu’un bruit blanc emplit l’espace. Situé dans un futur dystopique d’adaptation et de coexistence, dans lequel la relation entre humains et non-humains a été transfigurée, ce film nous invite à repenser la relation entre l’homme, la nature et la machine.
La forte composante musicale des œuvres de l’exposition immerge les visiteurs dans un “chœur” de vidéos qui jouent par intermittence et nous invitent à imaginer de nouvelles formes de coévolution au sein des systèmes aquatiques.