« Younès Rahmoun commence généralement une œuvre en collectant nombres, formes et objets dans son environnement immédiat. Il utilise ensuite des gestes répétitifs et familiers pour manipuler ces éléments et donner forme à des activités quotidiennes, éphémères ou à peine visibles, telles que la prière et la respiration. Ses croyances religieuses et son identification en tant que musulman pratiquant influencent également son travail. Il emploie très fréquemment des chiffres significatifs de l’Islam, comme sept et quatre-vingt-dix-neuf, et choisit d’orienter ses installations en direction de La Mecque. Sa pratique artistique ne peut cependant pas être réduite ou entièrement expliquée par ses croyances religieuses et le symbolisme qui les accompagne. Ses intérêts de longue date pour le bouddhisme, la méditation et le soufisme sont tout aussi visibles que les formes et matériaux de base de la vie quotidienne : cônes, cylindres, grilles, sphères et lumière, brique, jute et terre. Bien qu’il travaille principalement la sculpture, ses expositions comprennent également des photographies, des dessins, des plans préparatoires, des vidéos et d’autres objets qui se rapportent au lieu de production de la sculpture ou qui documentent des œuvres d’art réalisées en dehors des murs de la galerie ou du musée. Ces éléments permettent à Rahmoun d’expérimenter le lien entre le lieu de production d’une œuvre d’art et le site de son exposition. »
— Emma Chubb
Younès Rahmoun (né en 1975 à Tétouan où il vit et travaille) est l’un des artistes nord-africains de sa génération les plus exposés. Lui et sa cohorte de l’école d’art de Tétouan ont été les premiers dans le pays à avoir une formation formelle dans « l’art contemporain », grâce à son mentor, Faouzi Laatiris.
Parmi ses expositions récentes, on peut citer Little Worlds, Complex Structures, VCUarts – Virginia Commonwealth University School of the Arts in Qatar (2018), De la mer à l’océan, L’appartement 22, Rabat (2016). Son travail a été montré, récemment, au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid), au Palais de Tokyo (Paris), au Tripostal (Lille), au Victoria & Albert Museum (Londres), à L’heure rouge, Biennale de Dakar (2018) et à Viva Arte Viva, la 57e Biennale de Venise (2017). En 2024, deux grandes rétrospectives de son travail depuis 1996 se sont tenues à la Kunsthalle de Mulhouse (France) et au Smith College Museum of Art (Northhampton, États-Unis).