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« Hijra », entre montagne et poussière, à la recherche de la taille du cœur
Pour la nouvelle exposition parisienne que lui consacre la Galerie Imane Farès en cette fin d’hiver 2018, Younès Rahmoun continue à donner des noms arabes à ses compo-sitions artistiques. Jabal, Hajar, Turab… Habba, Hijra, Ghorfa… Mawja, Markib, Manzil. Montagne, Pierre, Poussière… Graine, Migration, Chambre… Vague, Bateau, Maison. L’absence d’article devant ces noms porte le choix affirmé de la polysémie1. La tentation est pourtant grande de prendre le seul chemin de la sémantique religieuse, tant l’affirmation par l’artiste marocain de sa foi est singulière dans l’histoire des artistes modernes ou contemporains du monde arabe, et tant ces mots sont présents dans les sources scripturaires de l’islam. « Hijra » c’est l’Hégire, « l’Émigration » du pro-phète Mahomet de La Mecque à Médine, en 622, et le début du calendrier lunaire islamique. Mais « Hijra » c’est aussi « l’émigration » sans majuscule des hommes ordinaires ou « la migration » des autres éléments de la Nature, une lecture plus universelle à laquelle l’écoute de l’artiste incite :
« Dans ma famille surtout du côté maternel, j’ai trois oncles qui vivent et travaillent en Espagne. (…) Je connais très bien leurs préoccupations, et j’ai voulu en parler à travers ce que je fais, mais d’une façon indirecte. Dans Hijra, je parle d’eux, je parle des Africains, des Syriens, de l’actualité, mais aussi et plus généralement du déplacement des éléments dans l’univers. (…) Pour moi qu’il s’agisse des esclaves [du commerce triangulaire], des Rifains partis en Europe pour gagner leur vie, ou du prophète Muhammad, tout cela a un sens, comme les planètes quand elles se déplacent dans l’univers, ou les atomes à leur échelle. Et les êtres humains, les animaux, les graines qui voyagent et qui donnent la vie, les insectes, le vent et l’eau ; tout est en mouvement perpétuel. Et les montagnes aussi. » À ce mouvement perpétuel s’ajoutent dans cette exposition les voyages documentés de l’artiste, entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie.
De performances en installations, Younès Rahmoun s’est depuis 2007 engagé dans un jeu de reproduction de la chambre utilisée comme espace « de travail, d’exposition et de méditation » entre 1998 et 2005 d’une part, et depuis 2010 de substitution, de collection et de mélange de pierres d’autres part, qui du Maghreb au Machrek, de la France à la Chine dessinent la carte de la trace irréversible mais délicate de son passage sur Terre. Tout ici s’oppose à la lourde empreinte des révolutions industrielles. Et loin de leur course folle vers les infinis, la quête à la fois étrange et salutaire de l’artiste semble consister à retrouver la juste échelle du corps humain.
« Ma religion, ma foi c’est une des sources d’inspiration pour moi. C’est très important c’est sûr. Mais dans mon œuvre, ce que je veux vraiment révéler, c’est plutôt l’humain, et mon échelle par rapport à l’univers. »
Ghorfa a les dimensions d’un corps assis ; et les sept pierres échangées de Hijra, une fois rassemblées entre les paumes de ses mains ont la taille d’un cœur humain.
— Alexandre Kazerouni, Paris, janvier 2018
1. Ce texte se fonde sur deux entretiens enregistrés avec l’artiste, les 24 et 25 décembre 2017.