Avec : Nilla Banguna, Sixte Kakinda, Godelive Kasangati Kabena, Lafleur & Bogaert, Mickaël-Sltan Mbanza, Pendezâ Mulamba.
L’exposition Toxic Lands, Living Narratives (Terres toxiques, récits vivants) prolonge les recherches engagées lors des dernières éditions de la Biennale de Lubumbashi, organisée par l’association Picha[1] en République démocratique du Congo. Conçue en collaboration avec l’artiste Sammy Baloji, elle réunit des artistes dont les œuvres interrogent les héritages coloniaux et leurs répercussions durables sur les corps, les territoires et les imaginaires.
L’exposition prend pour point de départ la bibliothèque et les archives du philosophe congolais Valentin-Yves Mudimbe, récemment restituées à l’Université de Lubumbashi. Dans ses écrits, Mudimbe analyse comment l’Afrique a été « inventée » à travers les prismes de la domination. Il invite cependant à un geste de reprise : relire, décaler, réécrire, détourner les formes imposées pour inventer d’autres chemins de pensée. Reprendre, c’est réactiver l’archive, ouvrir d’autres possibles, et opposer à l’histoire dominante une pluralité de récits, situés et vivants et insurgés.
Dans cet esprit, les artistes ici réunis mobilisent archives coloniales, mémoire minière ou gestes performatifs pour composer de nouveaux récits. La notion de toxicité traverse l’exposition, comprise à la fois comme pollution matérielle et poison social hérité du colonialisme. Déplacée et circulante, la toxicité devient un prisme pour lire les effets destructeurs, mais aussi potentiellement transformateurs, des logiques extractivistes sur les villes du Sud global, et en particulier sur le Katanga, cœur de l’histoire coloniale congolaise. L’exposition interroge les formes multiples de contamination, mais aussi les possibilités de reconfiguration qu’elles ouvrent dans un contexte postcolonial.
Entre mémoire et création, l’exposition devient un espace de confrontation autant que de projection. Elle invite à repenser l’histoire, à rouvrir les archives et à renouer avec les récits pour imaginer de nouvelles trajectoires possibles.
[1] Picha (du mot swahili signifiant « image »), est une plateforme indépendante fondée à Lubumbashi en 2008 par un groupe d’artistes et acteur·rice·s culturels. Elle œuvre à la promotion de la création artistique sous toutes ses formes à travers trois outils : un centre d’art et de recherche, la Biennale de Lubumbashi et un programme de formation, l’Atelier Picha